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Accueil > Pédagogie > Enseignements et parcours éducatifs > Histoire-géographie > Témoignages d’actions et de pratiques de classe

Témoignages d’actions et de pratiques de classe

L’ancienne gare de Bobigny ouvre les portes de sa mémoire aux lycéens de Costes

Le 27 janvier 1945, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau était libéré et ainsi, chaque 27 janvier depuis 2005, le monde commémore la Shoah, l’extermination des Juifs par les nazis durant la 2nde guerre mondiale. C’est également cette date symbolique qui a été choisie par la France et l’Allemagne pour commémorer chaque année la mémoire des génocides et des crimes contre l’humanité.

Le 27 janvier 2023, la classe de terminale spécialité Production graphique du lycée Alfred Costes de Bobigny est venue célébrer la mémoire de cette journée en se rendant à la gare de Bobigny d’où sont partis 21 convois de déportés entre juillet 1943 et août 1944, 22 500 personnes dont une très grande majorité n’a eu pour dernière expérience de vie qu’un moment passé dans une halle de marchandises.


Sur le chemin de la mémoire

Ce nouveau lieu de mémoire a ouvert ses portes au public le 18 janvier 2023, après des travaux de réhabilitation qui ont duré presque 10 ans. Et pourtant..., pourtant on a l’impression que ce lieu n’a pas changé depuis maintenant plus de trois quarts de siècle : un immense terrain battu par les vents sur lequel s’élèvent de part et d’autre le bâtiment de la gare des voyageurs et celui de la halle aux marchandises d’où partaient les convois des déportés qui étaient tranférés du camp de Drancy principalement vers Auschwitz. La gare de Bobigny est la seule gare de déportation encore dans son état d’origine.

Les élèves ont été accueillis par Adèle Purlich, la directrice du site. Pendant 1h30, elle a entraîné les lycéens dans cette visite mémorielle ponctuée de photos, de témoignages, d’indications chronologiques et géographiques, un voyage au coeur de l’Histoire pour que ces adolescents d’aujourd’hui comprennent ce qui était vraiment arrivé en ces lieux sous l’occupation allemande, qu’ils apprennent du passé et puissent à leur tour faire vivre et transmettre le souvenir de ces femmes, hommes et enfants déportés.

M. Filoche, leur professeur de Lettres-Histoire, est à l’initiative de cette visite, il est celui qui guide les élèves sur ce chemin de mémoire. "L’idée, c’était avant l’ouverture de ce lieu de faire un point, de savoir ce qu’il y avait au bout des rails, de savoir ce qu’il se passait pour les Juifs pendant la 2nde guerre mondiale et de s’intéresser à ce lieu qui est juste en face du lycée, à cette histoire universelle qui concerne les jeunes générations".
Depuis quelques années déjà, l’enseignant passait au quotidien devant cette ancienne gare de déportation. Il avait déjà expliqué à ses élèves l’importance de cet endroit. À l’annonce de la réouverture, il a décidé d’impliquer concrètement les élèves dans un projet de mémoire de grande ampleur : l’apprentissage des faits historiques enrichi par des expériences vécues.
Ainsi, les élèves de M. Filoche ont déjà visité le camp d’Auschwitz grâce à l’accompagnement du Mémorial de la Shoah. Ils ont également assisté à une conférence de Mme Ginette Kolinka, une ancienne rescapée d’Auschwitz, elle aussi passée par la gare de Bobigny et qui intervient régulièrement dans les classes (lire notre reportage "Une matinée mémorielle au collège Sólveig Anspach de Montreuil"). Ils ont aussi réalisé un kakémono (une bannière étroite et verticale pouvant être déroulée et enroulée afin d’être rangée dans un tube) qui leur servira d’outil pour la prochaine grande étape du projet : eux-mêmes vont devoir transmettre vers leurs pairs en témoignant de ce qu’ils ont vu et appris et ainsi devenir des "agitateurs de mémoire".
Le kakémono "Bobigny, point de départ vers Pitchipoï"


La visite à Auschwitz

"Agitons la mémoire ! En novembre, nous nous sommes rendus avec nos professeurs, M. Filoche, Mme Bellanger, Mme Fakhri, à Auschwitz pour visiter le camp de concentration et les chambres à gaz. Suite à cette visite, nous avons enquêté sur la gare de déportation de Bobigny et sur des déportés de Seine-Saint-Denis. Nos recherches vont nous permettre ensuite de devenir Agitateurs de mémoire. Notre mission : passer dans toutes les classes de l’établissement afin de transmettre à notre tour la mémoire de la Shoah."
Les élèves de section professionnelle du lycée Alfred Costes

À la croisée des destinées

La visite de l’ancienne gare de Bobigny s’adressait à un groupe d’élèves déjà expérimentés sur le sujet et elle allait leur permettre de stabiliser et d’approfondir plus encore des connaissances déjà substantielles. Ils connaissaient le lieu pour l’avoir étudié, restait à s’en imprégner en allant à la rencontre de ces histoires individuelles dans la grande, de ces destinées qui s’étaient croisées à cet endroit pour n’en faire plus qu’une.


Tout a été soigneusement mis en scène pour que le visiteur se replace quelques décennies en arrière et, après les panneaux explicatifs qui restituent le cadre passé, les élèves se sont arrêtés un moment pour prendre connaissance des citations extraites des lettres que les déportés jetaient sur les voies ou confiaient aux cheminots qui logeaient là, seuls témoins de ces départs qui devaient restés cachés au plus grand nombre.
"1 000 hommes, femmes et enfants sont sélectionnés pour quitter Drancy. Des autobus bien rangés nous attendent dans la cour, direction la gare de Bobigny. Nous montons dans les bus - que faire d’autre ? À la gare de Bobigny, on nous fait monter dans des wagons de marchandises dont les lourds verrous sont tirés derrière nous.", Charles Palant, déporté dans le convoi n°60 du 7 octobre 1943.
Les élèves ont alors réalisé qu’ils foulaient ces mêmes pavés qui avaient retenti sous les pas de ces milliers de personnes envoyées vers la mort.
 


Un nouvel arrêt devant la gare des voyageurs, qui n’était plus en fonction à l’époque. La guide a expliqué que c’était d’ailleurs la raison pour laquelle les nazis avaient choisi en 1943 de faire partir les convois de Bobigny et non plus du Bourget : l’opération devant se faire plus discrète pour ne pas alarmer les foules, un choix d’Alois Brunner qui venait d’être nommé pour gérer le camp de Drancy. Brunner avait même changé le protocole de départ : les Juifs pouvaient prendre avec eux leur valise, une façon de les tranquilliser sur la suite des évènements qui les attendaient à Pitchipoï (un terme yiddish qui était alors utilisé par les déportés pour donner un nom à cette destination inconnue).

Les échanges avec Mme Purlich ont été très riches, chaque question en entraînant d’autres et guidant les élèves plus avant sur le chemin de la réflexion. À chaque arrêt, à des endroits spécifiques du site, la guide expliquait l’organisation implacable mise en place à l’époque, les raisons qui sous-tendaient les choix opérés par les nazis, et posait des questions qui suscitaient l’interactivité avec les élèves déjà très au fait du sujet : Qu’est-ce que ça veut dire être Juif ? Et être Juif pendant la 2nde guerre mondiale ? Est-ce que seuls les Juifs étaient visés par ces mesures ? Comment appelle-t-on les résistants qui cachaient les Juifs ? Qu’est-ce que la solution finale ? Qu’est-ce qu’un génocide ? Donc la Shoah est un génocide ? L’auditoire a participé activement, certains n’hésitant pas à utiliser les connaissances qu’ils avaient acquises pour alimenter la discussion. Les questions de Mme Purlich ont presque toutes trouvé des réponses.
Pendant un instant le discours de la guide a dû s’interrompre, ses propos n’étant plus audibles car couverts par le bruit d’un train de marchandises qui passait sur des rails à proximité...
 


Cette visite a apporté du sens aux apprentissages, mais au-delà des connaissances, elle a aussi été chargée d’émotions, celles de ceux qui sont partis pour ne plus revenir, mais aussi celles de ceux qui sont venus pour en apprendre plus, pour essayer de comprendre et ainsi devenir les nouveaux témoins qui feront perdurer cette mémoire collective en la racontant pour que cela ne recommence pas.

"On se dit tous les jours, nous on vient au lycée, on vient étudier, on vient apprendre. Et ici, il y a des années, il n’y a pas très longtemps, il y avait des gens qui étaient là mais eux ils partaient pour la mort. Des gens qui n’ont pas eu leur mot à dire pour rester en vie.", Mathilde.

"Je suis assez impressionné. Notre génération, nous devons faire passer le message, ne pas oublier ce qu’ils ont vécu, ne pas refaire les mêmes erreurs.", Amir.

"Je parle plutôt de travail de mémoire que de devoir de mémoire car c’est un processus. C’est extrêmement important pour rendre hommage à ces personnes et en tirer des enseignements. On a beaucoup de choses à apprendre de ces mémoires de la Shoah pour éviter de perpétuer des comportements violents qui risquent de mener au pire.", Adèle Purlich.
 

L’inauguration officielle du lieu de mémoire aura lieu le 18 juillet 2023, à l’occasion du 80e anniversaire du départ du premier convoi depuis la gare de Bobigny.
Les visites scolaires sont assurées par le mémorial de la Shoah de Drancy, partenaire du site, à partir de la classe de CM2.
Informations
 

Politique éducative de lutte contre les discriminations

Le plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine (2023-2026) du gouvernement prévoit, pour ce qui concerne l’éducation et la formation, l’organisation d’une visite historique ou mémorielle pour chaque élève durant sa scolarité et l’intégration dans toutes les formations des jeunes de contenus sur l’action contre la haine. Côté formation, les professeurs, les personnels scolaires, mais aussi les agents publics seront sensibilisés aux enjeux du racisme, de l’antisémitisme, de l’antitsiganisme et des discriminations.

 

RGPD et droit à l’image
Les parents d’élèves disposent d’un droit d’accès, de modification et de suppression des données personnelles (photographies) de leur enfant.
Pour exercer ce droit, vous pouvez écrire à ce.93webmestre@ac-creteil.fr ou téléphoner au 01 43 93 73 72.

© DSDEN93 - article actualisé le 13 février 2023

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