DSDEN 93 - L’éducation en Seine-Saint-Denis

DSDEN 93 - L’éducation en Seine-Saint-Denis


La DSDEN
Scolarité
Pédagogie
Gestion des personnels
Jeunesse, engagement et sports

Documents officiels
Circulaires départementales


Fermer X



Fermer X



Fermer X


Santé et sécurité
Santé et sécurité au travail


Fermer X



Fermer X


La DSDEN

Scolarité

Pédagogie

Gestion des personnels

Jeunesse, engagement et sports

Agenda

Accueil > Pédagogie > Enseignements et parcours éducatifs > Histoire-géographie > Témoignages d’actions et de pratiques de classe

Témoignages d’actions et de pratiques de classe

Une matinée mémorielle au collège Sólveig Anspach de Montreuil

Le mercredi matin 25 mai 2022, une matinée mémorielle était organisée au collège Sólveig Anspach de Montreuil pour des élèves de troisième avec la présentation du documentaire « Sur les traces d’Auschwitz » de Charles Bourla, suivie de la rencontre avec Ginette Kolinka venue apporter son témoignage d’une rescapée, déportée à Auschwitz parce que née juive. Ce temps de mémoire était organisé à l’initiative des enseignants d’histoire-géographie et de lettres, Mmes Pesier, Chapuis-Prevost et Rondou, la Shoah étant au programme de la classe de troisième.

En quête de l’Histoire

 

La matinée a commencé avec l’intervention de M. Charles Bourla qui était venu présenter son documentaire réalisé en 2021 "Sur les traces d’Auschwitz", un film que le réalisateur a voulu « didactique, pour que les choses soient comprises différemment et mieux, par le jeune public notamment ».

Et effectivement, en moins d’une heure, avec des images d’archives rares, des dessins de rescapés, des témoignages, le tout commenté par des historiens et des spécialistes, et de nombreux plans en 3D qui rendent le film très moderne, les élèves ont pu appréhender des aspects aujourd’hui encore méconnus d’Auschwitz. Ils ont appris qu’Auschwitz, ce n’était pas qu’un camp de concentration et d’extermination, qu’avec Auschwitz le projet des nazis était de coloniser la Pologne, de créer une ville modèle qui accueillerait des allemands.

À travers une enquête minutieuse, le film montre comment le concept a évolué dans le temps pour s’adapter aux besoins, comment un camp de concentration qui accueillait des dissidents polonais qui devaient construire la ville parfaite s’est transformé en plusieurs camps, pour plus tard inclure Birkenau (Auschwitz II), le plus grand camp de concentration et d’extermination du Troisième Reich.

Tout est contextualisé pour mieux faire comprendre, ainsi les élèves ont été assez surpris d’apprendre que les crématoriums avaient été construits dans un but extrêmement pratique : la décomposition des trop nombreux corps polluant les nappes phréatiques de la future ville modèle, il fallait trouver une solution. Ils ont aussi vu la réalité des choses grâce aux photos prises et cachées par des détenus, les Sonderkommandos dont les élèves avaient déjà entendu parler en classe. Ces photos retrouvées ont été mises en parallèle avec celles diffusées à l’époque par les nazis qui, elles, montraient une organisation sans faille dans le calme : une différence de point de vue et un exemple concret qui a démontré aux élèves ce qu’est la propagande.

L’Histoire en questions

Les échanges entre les élèves, le réalisateur et les enseignants ont eux aussi été riches d’enseignements.

Certains élèves se sont demandé « À quoi bon écouter tout cela, c’était il y a si longtemps ».
La définition d’un camp de concentration a été alors recontextualisée en l’intégrant à leur vie quotidienne : « Imaginez que demain quelqu’un vienne chez vous pour vous emmener, vous et votre famille, en disant : Nous allons vous enfermer parce que nous n’aimons pas la façon dont vous pensez et nous allons vous rééduquer », « Oui, mais ça n’est pas arrivé ! », « Pensez aux Ouïghours, réfléchissez sur ce qui se passe en Ukraine. Les faits historiques servent à analyser et à comprendre le contexte actuel, le monde qui nous entoure, à observer les signaux pour être vigilants sur nos droits et sur nos libertés ».

Les élèves se sont également interrogés sur la nature humaine, notamment sur les Juifs qui faisaient partie des Sonderkommandos qui accueillaient les arrivants et savaient ce qui allait se passer. « Mais pourquoi ils ne disaient rien ? Dans la religion, il n’y a pas le droit de tuer. Donc pourquoi ? ». Les adultes ont alors expliqué le travail de sape, de destruction psychologique, le besoin primaire de survivre commun à des êtres humains privés de leur liberté physique et mentale pour qui la question fondamentale était : « Comment je vais vivre les trois prochaines heures ? ». Mais certains ont résisté à leur mesure, de façon indirecte, par des photos, des dessins que l’on a retrouvés et plus tard en témoignant.

M. Bourla a insisté sur le fait que tous ces détails permettent de comprendre la mécanique des choses et que les traces et les sources étaient trop multiples pour que cela ne soit pas vrai, que la haine est une machine implacable qui peut broyer tout individu.

Les élèves ont bien compris l’importance des témoignages, l’importance de se souvenir, l’importance de garder des traces du passé pour ne pas oublier, pour ne pas recommencer et pour regarder l’avenir différemment.

Les établissements qui seraient intéressés pour organiser une diffusion du documentaire peuvent contacter le référent Citoyenneté de la DSDEN 93 : ce.93memoire-citoyennete@ac-creteil.fr

Ginette Kolinka, une passeuse de mémoire

 

Ginette Kolinka, un prénom et un nom aujourd’hui connus et reconnus, car cela fait maintenant plus de 20 ans que Mme Kolinka témoigne de son vécu de déportée au camp de Birkenau à travers toute la France, et notamment auprès des plus jeunes, pour transmettre un message de tolérance, un message contre la haine et le racisme, quels qu’ils soient.

La première chose que l’on remarque chez Mme Kolinka, c’est son sourire et ses rires qui ponctuent ses propos : « Mes larmes, je crois que je les ai laissées à Birkenau ». Le ton est donné, le discours ne sera pas maussade mais factuel, extrêmement détaillé et étayé d’exemples.

« Il y a eu une période où un monsieur Hitler est venu et il voulait tuer tous les juifs et il a mis son projet à exécution. Vous, jeune homme, vous me trouvez normale ? » « Oui » « Eh bien pour Hitler je ne suis pas normale. Je suis juive et il veut tuer tous les juifs. Il nous déteste. Et c’est le départ : la haine. Tout ce que je vais vous raconter, le départ c’est la haine. Il faut faire attention. Acceptons nous ! »

Une adolescente qui parle aux adolescents

Pendant plus de deux heures, Mme Kolinka fait vivre l’Histoire en direct aux élèves, sans détour ni tabou. Elle raconte cette adolescente insouciante, qui ne s’inquiétait pas vraiment des changements du quotidien, des lois anti juifs : elle était plutôt contente quand son père n’a plus eu le droit de travailler, «  On pouvait prendre le petit déjeuner tous ensemble », mais l’interdiction pour les juifs d’avoir un contact avec les non juifs et d’accéder aux gymnases et aux piscines l’embêtait quand même un peu car Ginette était sportive. 
Elle leur décrit leur passage en zone libre, car son père était communiste et les arrestations pouvaient aussi avoir un motif politique : « Vous savez que la France était coupée en deux ? Et comment on faisait pour passer quand on était juif ? » ; elle leur parle des faux papiers qu’ils ont pu obtenir grâce à des connaissances de son père, du café de la gare à Angoulême où elle et ses soeurs se sont fait arrêter, de leurs rires et de leurs chants qui les ont sauvées... cette fois là. Elle narre leur vie en Avignon, les marchés, avec tant de détails qu’elle embarque son public vers le passé. Mais un jour, c’est l’arrestation. Ginette, son père et son frère sont envoyés à Drancy en 1944. Elle n’a pas peur « Je savais que j’allais dans un camp de travail. Travailler dans les champs ou en usine, moi j’étais dactylo mais je savais que des personnes faisaient ça toute leur vie et n’en mouraient pas. » Son père, lui, était conscient de ce qui allait se passer mais il ne lui a jamais enlevé ses illusions.

C’est ce qui fait toute la force de ce témoignage, c’est ce qui a interpellé les jeunes qui l’écoutaient ce mercredi là : ce qu’ils entendaient, c’était un récit ponctué d’émotions, des émotions qui leur parlaient.

Illusions perdues

L’adolescente devenue jeune femme a gardé ses illusions jusque devant le camp d’Auschwitz, même si, le 13 avril 1944, elle est quand même quelque peu interloquée quand elle voit le train dans lequel elle doit embarquer et dont elle montre une photo à son audience : « Jeune homme, quand tu vois ce train avec des wagons ouverts, à quoi tu penses ? » « Que c’est pour des marchandises ou des animaux » « Bravo ! C’est pas souvent que j’ai des réponses comme ça ! C’est souvent farfelu. Eh bien moi j’ai pensé comme toi ! ». Pendant tout son discours, Mme Kolinka interpelle les collégiens, pour mieux les impliquer, et cela fonctionne car elle a toute leur attention. L’arrivée à Auschwitz est pour elle un soulagement car elle peut à nouveau respirer de l’air frais après un transport dont elle décrit les conditions horribles. Et quand elle voit les cheminées qui fument, elle pense « Eh bien la voilà mon usine où je vais travailler ! ».
Mais les illusions ne vont pas durer, de nouveaux sentiments vont très vite les balayer : la honte, l’humiliation de devoir se mettre nue devant tous, d’être entièrement rasée « Le moindre geste était fait pour nous humilier, les nazis pensaient à tout, dans le moindre détail. Et je découvre comme ça les différences dans la nudité, j’apprends la vie. Et après on s’est regardées et on a ri. On a ri parce qu’on ne se reconnaissait pas.  » « Au début on nous a prévenues : vous êtes ici pour ne plus en sortir, vous ne sortirez jamais vivantes d’ici. On n’a pas réalisé... ».
S’ensuit tout le récit du quotidien des déportés, les brimades, les injustices, les ignominies, la peur de tomber malade et d’être éliminé, la vie avec la mort...

La force de Mme Kolinka est de dire l’indicible, de l’expliquer avec des mots simples et beaucoup de détails, de montrer aux jeunes esprits les rouages de l’implacable mécanique mise en oeuvre afin que cela ne se reproduise plus.

"J’ai eu de la chance"

Fin 1944, les nazis commencent à évacuer les camps de l’Est et Ginette Kolinka est envoyée à Bergen Belsen avec tous ceux qui ne travaillaient pas ce jour là. Elle y "fêtera" ses 20 ans : « On dit qu’on oublie jamais le jour de ses 20 ans. Ce jour là, tous les juifs sont réunis pendant toute la journée et regagnent leur quartier le soir. Qu’est-ce qu’ils avaient prévu de faire ? On ne le saura jamais... » Puis, c’est le travail en usine, elle redécouvre les lits, les couvertures et même l’eau pour se laver. « On est très contentes et on a ces fameuses robes rayées qu’ont les déportées politiques, ces belles robes de luxe à la place de nos haillons », des moments qui disent aussi le manque extrême dans lequel les déportés vivaient. Le récit est difficile mais la parole est toujours teintée d’humour et les moments positifs ne sont jamais oubliés.
Puis Ginette est rapatriée, elle retrouve sa mère et ses soeurs. Elle annonce à sa mère la mort de son mari et de son fils alors qu’elle espérait des nouvelles pour le lendemain : « J’avais vu tellement de morts que je n’avais aucun scrupule à lui annoncer leur mort aussi brusquement  ».

Le récit est terminé, vient le temps des questions.

 - Comment vous faites pour vous souvenir aussi bien ?
Les images. Tout revient avec les images et le temps. La première fois qu’on m’a interrogée, c’était Steven Spielberg. Je ne voulais pas. Il a insisté et il a réussi à me faire sortir du crâne des choses que je ne me rappelais pas.

- Comment vous avez tenu ?
Il ne faut pas penser à ce qui va se passer. C’est ça qui fait tenir. Les souvenirs, on ne les a plus. Je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’au moment présent et c’est peut-être ce qui m’a sauvée.

- Est-ce que c’est l’instinct de survie ?
Non ! C’est la chance ! Si je n’étais pas partie à Bergen Belsen, si j’avais travaillé ce jour là, je serais partie en janvier 1945 et j’aurais participé à la marche de la mort. Je ne crois pas que j’en aurais été capable.

Souvent on me dit "J’aurais pas été capable". Moi je dis "Tu n’en sais rien !" On ne sait pas avant de l’avoir vécu. Moi je pense que cette expérience est une force pour moi.
On compte sur vous et sur les enseignants pour faire passer le message, pour ne plus que cela recommence.
On a tous le droit de faire ce qu’on a envie de faire, à condition de ne pas forcer l’autre à faire pareil.

► La DAAC propose un court métrage Zoom sur l’intervention de Mme Kolinka au théâtre de Gagny devant des élèves du collège Théodore Monod

 

RGPD et droit à l’image
Les parents d’élèves disposent d’un droit d’accès, de modification et de suppression des données personnelles (photographies) de leur enfant.
Pour exercer ce droit, vous pouvez écrire à ce.93webmestre@ac-creteil.fr ou téléphoner au 01 43 93 73 72.

 

© DSDEN93 - article actualisé le 28 septembre 2023

Agenda


Sites institutionnels
Académie de Créteil
Education.gouv.fr
Service-public.fr
Autres sites

Infos site
Accessibilité
Mentions légales

Abonnements
Fil RSS
e-lettre des enseignants

Service Public +
Les engagements de la DSDEN
Formulaire de réclamation
Site national SP+
Résultats "Qualité de service" de la DSDEN 93



Sites institutionnels
Académie de Créteil
Education.gouv.fr
Service-public.fr
Autres sites

Infos site
Accessibilité
Mentions légales

Abonnements
Fil RSS
e-lettre des enseignants

Service Public +
Les engagements de la DSDEN
Formulaire de réclamation
Site national SP+
Résultats "Qualité de service" de la DSDEN 93