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Reportages 2022-2023

La Journée du droit avec les élèves du collège Jorissen de Drancy

Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse en partenariat avec le Conseil national des barreaux organisent la Journée du droit dans les collèges. Cet évènement prend la forme d’un échange en classe, entre un avocat, un enseignant et ses élèves autour du droit et des valeurs civiques ; l’intervention est construite de façon à rendre le droit vivant et à privilégier les interactions avec les élèves. Cette action s’inscrit pleinement dans le parcours citoyen de l’élève ainsi que dans le parcours avenir.

Le collège Jacques Jorissen de Drancy s’est lancé cette année dans cette aventure juridique. Car il s’agissait bien d’une véritable aventure qu’il a fallu organiser en amont : ce n’étaient pas moins de 12 avocats qui étaient attendus au collège pour des interventions de deux heures devant 19 classes de 5e, 4e et 3e ! L’équipe du collège avait vu les choses en grand pour cette première participation et le planning avait été élaboré avec soin sous la coordination précieuse de M. Merah, le référent École-Entreprise.

Vivez ce moment d’échange comme l’ont vécu élèves et avocats.

Mardi 4 octobre, 8h, en coulisse de la représentation

Les avocats sont réunis dans une salle en attendant d’entrer en scène. "On a un prof avec nous ?" "En même temps être sympa, mais en même temps garder la distance." "Il faut tenir deux heures, mais on aime parler !" Pour la très grande majorité des avocats volontaires pour venir échanger ce jour avec les élèves, il s’agit d’une première participation à cette journée dédiée.

L’ambiance est dynamique et les avocats sont motivés. "Je fais cela pour transmettre, pour susciter de futures vocations, pour sensibiliser aux notions de droit et surtout pour changer les fausses images que les jeunes peuvent avoir de la justice." "Les jeunes se disent que c’est très éloigné d’eux, donc on veut les rapprocher, leur dire que tout est possible !" Une des avocates fait également du soutien scolaire et elle a souhaité participer à cette expérience nouvelle pour elle car elle apprécie ces moments d’échange et de partage avec les jeunes.
Les avocats viennent de différents ordres du barreau : Paris, Créteil et Bobigny. La sonnerie retentit et chacun d’eux emboite le pas d’une classe ; il est l’heure d’aller plaider, la séance est ouverte.

8h30, Maître Petraru est à la barre de la classe des 4e D

Margaux Petraru, 34 ans et 7 ans à exercer la profession d’avocat, se lance. À l’heure où les 4e D ont d’habitude un cours de SVT, la robe de l’avocat a remplacé la blouse du scientifique. Le contrôle prévu pour aujourd’hui sera reporté... pour la bonne cause !

"Mon but est de vous familiariser avec certaines notions. Je ne vais pas vous baratiner, je vais essayer de vous expliquer et d’éveiller en vous des envies. Il ne faut pas imaginer que les métiers du droit, c’est difficile. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez, il n’y a pas de question bête. Je ne suis pas salariée, j’exerce une profession libérale, c’est-à-dire que je n’ai pas de fiche de paie, que j’organise mon temps de travail et mon agenda me permettait d’être là aujourd’hui avec vous. Et moi, à votre âge, j’aurais bien aimé que quelqu’un vienne me parler de son métier. J’ai un cabinet d’avocat à Montreuil et je plaide - entre autres endroits - au tribunal de Bobigny. Vous connaissez ?" Les élèves sont attentifs, on les sent intimidés, la situation est inhabituelle, ils n’osent - pas encore - entamer le dialogue mais certains acquiescent.

"Il y a plein de types d’avocats et il y a des avocats qui ne mettent pas de robes, ceux qui font du conseil, et ceux qui en mettent pour le droit de la famille, le droit pénal - c’est ce que je fais -, le droit commercial, le droit du travail. C’est un métier très large et varié, où on peut faire plein de choses ; c’est un métier génial. Est-ce que certains sont attirés par un métier en lien avec la justice ?". Une seule réponse dans l’assemblée collégienne : "L’armée." "Ah, l’armée, ce n’est pas un métier juridique, et on va voir la différence justement."

Le droit, c’est quoi ?

"Dans la vie de tous les jours, le droit il est où ? Le droit, ça sert à quoi ?" S’ensuit un long silence, puis un élève se lance : "Le droit, c’est ce qui défend les gens. Chacun peut se faire défendre." Et l’avocate enchaîne : "Oui, le droit, c’est un ensemble de règles qui nous permet de vivre ensemble. Et qui fixe ces règles ?" Plusieurs réponses fusent : "Le juge ?" "Le ministre de l’Éducation ?" "Poutine ?" "C’est pas le conseil ? Ceux qui sont avec Macron ?"
Maître Petraru recentre très délicatement les réponses : "Oui, c’est l’État. Et bientôt vous aurez le droit de voter pour ceux qui fixent les règles, l’Assemblée nationale et le Sénat. Des termes que vous avez déjà peut-être entendus." Certains se manifestent car ils connaissent effectivement : "En primaire, on est allés à l’Assemblée nationale. On est même entrés !"

"Poutine, c’est un autre pays. En fonction des pays, le droit n’est pas le même. D’ailleurs, qu’est-ce qu’on peut faire en France et pas ailleurs ?" Le dialogue est maintenant ouvert avec la classe et les réponses fusent : "En France, on peut insulter le président." L’avocate recadre : "Non, mais ce n’est pas la même sanction." "En Amérique, on a le droit aux armes et il y a la peine de mort." Plusieurs élèves sont arrivés en France il y a peu de temps et font part aux autres de leur vécu : "En Inde, les profs, ils ont le droit de frapper." La classe fait montre de son indignation et l’avocate tempère : "Vous pouvez dire ce que vous voulez, il n’y a pas de censure, je ne suis pas là pour juger. On voit que les règles sont différentes en fonction des pays." Et les élèves enchaînent : "C’est la même chose en Algérie et en Algérie on n’est pas obligés de porter une ceinture de sécurité." "En Martinique, on avait un uniforme blanc. Ici, on fait comme on veut." Un autre élève explique : " C’est pour qu’il n’y ait pas de discrimination, parce qu’on n’a pas tous les moyens de bien s’habiller."
Très pédagogue, Mme Petraru rebondit sur la question de la discrimination : "Et c’est quoi la discrimination ?" La réponse ne se fait pas attendre : "On discrimine quelqu’un pour sa couleur de peau, sa façon d’agir ou d’être." "Oui, et en France, c’est interdit par la loi."

Une loi pour tous, une loi qui s’adapte et qui évolue

"Pourquoi il y a des avocats qui défendent la personne qui a tort ? Pourquoi il y en a qui défendent les bonnes personnes et d’autres qui défendent les mauvaises ?" La question à la réponse délicate est lâchée... "Parce que c’est mon métier de le faire. Toute personne a le droit d’être défendue. Quand on décide de faire ce métier, on estime que tout individu est défendable, qu’il y a quelque chose à dire sur chacun. On n’est pas là pour dire ’c’est bien’ ou ’c’est mal’, on est là pour dire pourquoi cette personne en est arrivée là. On est là pour porter sa parole, pas pour cautionner mais pour dire sa vérité, pour dire ce qui lui est favorable et lui garder sa part d’humanité, les éléments qui lui confèrent sa place dans la société."

La classe est extrêmement attentive, on sent que les élèves sont très intéressés et ils n’hésitent plus à prendre activement part à l’échange.
"Tout le monde a le droit d’être défendu et tout le monde est égal devant la loi. Même ceux qui n’ont pas les moyens de payer." L’avocate n’a pas le temps de finir son explication que des élèves complètent immédiatement : "Oui ! On leur donne un commis d’office !" "Et quand on peut pas payer son amende, je crois qu’on peut faire du travail à la place de payer."

"Un mineur, il a le droit d’avoir un avocat ?", demande un élève. "Oui, bien sûr. Mais les peines ne sont pas les mêmes que pour un adulte. Il y a aussi un juge spécial, le juge des enfants. On considère que le mineur doit être protégé et l’objectif est de lui permettre de se reprendre." "Et il a un casier judiciaire ?" "Il existe une procédure d’effacement pour les mineurs, afin de leur permettre de reprendre le cours de leur vie. La loi s’adapte aux situations."

"Et la loi évolue. Avant, en France, le fait d’être infidèle était puni par la loi. Les femmes ne pouvaient pas porter de pantalons et elles ne pouvaient pas voter. Avec la COVID aussi on a vu les lois changer. La loi évolue tout le temps avec les changements dans la société. Et tous ces textes de loi, vous pouvez les retrouver dans de gros livres, comme des dictionnaires, il y en a plusieurs : le code pénal, le code civil, le code du commerce..."

"Est-ce que vous avez déjà défendu des gens connus ?" "C’est quoi votre plus grosse affaire ?" "Si par exemple dans une bagarre il y en a un dans le coma. Tout le monde prend ?" "Si jamais on se fait agresser et en se défendant on tue : comment ça fonctionne avec la légitime défense ?" "Vous pourriez nous raconter une de vos plus grosses affaires, une qui vous a le plus marquée ou touchée ?" "Madame, aux USA il y a le FBI, et en France ? "Un monsieur, il a porté plainte contre un poulet !"
Les questions se succèdent maintenant sans discontinuer et l’avocate répond, n’élude aucune question, avec un calme impressionnant ; on la sent très agréablement surprise par l’enthousiasme et l’intérêt dont font preuve les élèves.

Des symboles et des valeurs

Après ce flot de questions-réponses, Maître Petraru revient sur les symboles et les valeurs de la justice en présentant à la classe une allégorie de la Justice : "Qu’est-ce que vous reconnaissez qui symbolise la Justice sur cette représentation de la déesse Thémis ?" Nombreux sont ceux qui connaissent la réponse : "Le glaive, la balance et les yeux bandés !" "Les yeux bandés, c’est parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre !" "La balance, c’est pour l’égalité !" L’avocate reprend "La balance, c’est pour peser le pour et le contre. Pour se demander par exemple si c’est nécessaire d’envoyer quelqu’un en prison. Le bandeau signifie qu’on prendra une décision les yeux fermés, c’est à dire qu’on ne juge pas à l’avance, il n’y a pas de délit de sale gueule, on juge seulement sur les faits. Et le glaive représente la punition."

"Est-ce que vous savez comment se passe un procès ? Quels sont les intervenants ? Est-ce que quelqu’un veut venir dessiner un schéma au tableau pour représenter une cour de justice ?" Un élève est volontaire, son trait de craie est assuré et ses questions très précises : "Comment on appelle celui qui a commis le délit déjà ?" "Le prévenu" "Ah oui !" L’avocate aide l’élève à compléter le schéma et déjà les questions repartent. "Pourquoi il y a trois juges ?" "Dans les délits les plus graves, c’est pour que la décision soit prise en collégialité, pour qu’il y ait discussion entre les juges." "Et si ils ne se mettent pas d’accord ?", demande un élève. "Eh bien, ils discutent jusqu’à ce qu’ils soient d’accord". "Madame, je peux venir au tableau pour montrer quelque chose ?" Un élève vient pointer du doigt un des trois juges. "Imaginez, lui là il est raciste !" L’avocate répond : "On doit s’écarter de son ressenti. C’est cela l’impartialité : être le plus juste possible sans se laisser aller à ses émotions."
"C’est vrai que le juge il doit mettre une perruque ?" Maître Petraru montre alors sa robe d’avocat qu’elle a amenée avec elle et explique les différentes tenues selon les fonctions et le vocabulaire qui s’y rapporte. "Je vous invite à aller voir une audience." "Mais comment on va assister à un procès ? C’est payant ?" "Tu demandes la chambre des comparutions immédiates. Mais il faut bien se comporter et ne pas parler." Les élèves commencent à discuter entre eux, l’idée fait déjà son chemin et ils comptent bien demander à leurs enseignants de leur organiser ce type de sortie.

L’heure de la sonnerie approche. "Est-ce que vous avez d’autres questions ?" Oh oui, ils en ont ! Il veulent tout savoir sur le métier d’avocat.
"Combien d’années d’études pour devenir avocat ?" "C’est quoi travailler à son compte ?" "Au collège, c’est quelle matière qui aide à devenir avocat ?" "Vous gagnez combien ?" Et l’avocate répond à toutes et ajoute "Il faut que vous compreniez que tout est possible. Les avocats n’étaient pas tous de bons élèves. Il faut juste être très motivé et avoir envie. Et on y arrive".

Une plaidoirie convaincante

Après deux heures, la séance est sur le point d’être levée, et pourtant nulle impatience ne se fait sentir alors que les élèves vont bientôt pouvoir profiter de leur temps de récréation. La sonnerie retentit mais certains s’attardent pour demander encore quelque chose à Margaux Petraru qui en reste coite. Ils ont réussi à destabiliser l’avocate qui ne peut s’empêcher de montrer son émotion devant une demande qu’on ne lui avait jamais encore faite dans toute sa carrière : ils veulent son autographe ! La plaidoirie de Maître Petraru a vraiment convaincu les jurés !


Certains élèves, qui n’ont pas hésité à renoncer à leur temps récréatif, et les avocats participants se sont ensuite réunis pour raconter ce qui avait été discuté dans les différentes classes - certains ont même reconstitué un procès - et faire le bilan de cette action. Les avocats ont tous exprimé le plaisir qu’ils avaient pris à ce temps de partage : les élèves se sont montrés très attentifs, leurs interventions étaient perspicaces et les échanges très complets et constructifs.
Seraient-il prêts à recommencer l’année prochaine ? La réponse est un oui unanime. Et le sourire qui s’affiche sur le visage de Mme Stamboulie, la principale du collège, montre combien elle devine que l’expérience a été profitable aux élèves et qu’elle aussi serait partante pour écrire un deuxième épisode de cette belle aventure judiciaire...

 

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© DSDEN93 - article actualisé le 21 octobre 2022

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