« Ils étaient vingt-et-trois quand les fusils fleurirent » : hommage à Missak et Mélinée Manouchian et aux fusillés de « l’Affiche rouge »

« L’Affiche rouge », c’est par ce nom que la mémoire a retenu les vingt-trois membres du groupe de résistants étrangers des FTP-MOI exécutés par l’occupant nazi. À l’occasion de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) de la Seine-Saint-Denis a accueilli quelques jours l’exposition réalisée par le Musée de la Résistance nationale.

Des ombres de la Résistance s’élèvent, portant avec elles des noms et des visages longtemps oubliés. Parmi eux, celui de Missak Manouchian, symbole d’un courage et d’un engagement sans faille. Alors que le Panthéon a ouvert ses portes à ce héros méconnu, des établissements de la Seine-Saint-Denis se sont faits l’écho de son histoire et de celles d’autres, tissant ainsi un lien indissociable entre mémoire et devoir de transmission. Retour sur un hommage vibrant, tissé par la jeunesse, porteur des valeurs fondamentales de la République.

Hommage des élèves et projets mémoriels

Plusieurs projets pédagogiques ont réuni des élèves du département autour de l’hommage à Missak Manouchian.

« On a étudié un film sur Manouchian. On va en faire une affiche. On a aussi vu comment les fusillades étaient organisées. Mais on n’avait jamais entendu parler de Manouchian et on ne savait pas ce qu’était le Panthéon. » Faris et Ilyan, élèves de première du lycée Jean Renoir

Des élèves du collège Louis Pasteur de Villemomble étaient présents lors de la cérémonie nationale au Panthéon, le 21 février 2024, 80 ans jour pour jour après l’exécution de Missak Manouchian aux côtés de ses camarades au fort du Mont Valérien. Les collégiens ont été impressionnés et émus par les lieux et la cérémonie :
« L’entrée de Missak Manouchian et sa femme au Panthéon a été un moment de reconnaissance et de respect de la Nation pour toutes les personnes qui ont donné leur vie pour la liberté, notamment les étrangers. Bien qu’il ne soit pas français, Missak s’est battu pour la France avec ses compagnons jusqu’à la mort. C’est la raison pour laquelle son entrée au Panthéon est un signe fort, il a fait preuve d’un courage indescriptible ainsi que ses camarades. Je suis très honorée d’avoir participé à cette cérémonie.  » Himaya.
« L’atmosphère dans le Panthéon, si près des cercueils de Missak et de Mélinée était empreinte de respect et de recueillement pour rendre hommage à tous ces étrangers qui se sont sacrifiés, parfois très jeunes, pour que la France soit libre, pour que nous puissions être libres. J’ai été touché par la lettre de Missak à Mélinée , les poèmes et les chants. C’était un honneur d’assister à cette cérémonie. » Mohamed
► Les témoignages des élèves

Dessins réalisés par les élèves du collège Pasteur de Villemomble, en hommage à Missak et Mélinée Manouchian.

La veille au soir, des élèves de la classe de 3e 4 du collège Joliot Curie de Stains ont participé à la veillée organisée au Mont Valérien. Réunis près de la chapelle, les collégiens ont suivi en silence, une lanterne à la main, le passage du cercueil de Missak Manouchian.
Cette commémoration s’inscrit également dans plusieurs autres projets citoyens du collège : une interprétation chantée de l’Affiche rouge ; l’étude du parcours de Mélinée Manouchian, avec une classe de CM2 de l’école Apollinaire et du lycée Maurice Utrillo de Stains ; un travail présentée au Concours national de la Résistance et de la Déportation sur le parcours de Renée Rihet, résistante FTPF (Francs-tireurs et partisans français), habitante de Stains et déportée au camp de Ravensbrück. La classe se rendra au camp en avril 2024.

Les élèves d’une classe de 1re STI2D du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers ont réalisé des œuvres mêlant histoire et fiction, notamment à partir de leur rencontre avec Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, héros de la Résistance.

Des étrangers à l’honneur

Inaugurée le 7 mars en présence des agents de la DSDEN et des lycéens d’une classe de première générale du lycée Jean Renoir de Bondy, l’exposition réalisée par le Musée de la Résistance nationale (MNR), en association avec l’ONACVG et les éditions Dupuis, retrace en 18 panneaux le parcours des fusillés de « l’Affiche rouge », depuis la déportation en Arménie jusqu’à leur arrestation et exécution par les occupants, en passant par leur engagement dans la lutte armée. L’exposition s’appuie sur des documents d’archives et des cases de bande dessinée pour décrire le parcours de ces femmes et de ces hommes entrés en résistance. Chaque panneau est titré des vers du poème d’Aragon, Strophes pour se souvenir.

Les « vingt-trois » fusillés du 21 février 1944 représentent aussi des figures qui pour l’instant n’étaient pas honorés : des étrangers, apatrides, Français pour certains, immigrés, Juifs. Certains sont des brigadistes ayant combattu en Espagne contre Franco, d’autres des antifascistes ayant fui l’Italie de Mussolini, ou des Arméniens, comme Missak et Mélinée, rescapés du génocide. Tous sont des jeunes gens, vingt ans à peine, persécutés dans leurs pays d’origine avant-guerre. Ils sont ouvriers, communistes pour la plupart. C’est la place des étrangers dans l’engagement résistant qui est ainsi remise en avant. Ils sont des figures de la Résistance, que leur parcours a mené en Seine-Saint-Denis. Ils restituent une part de l’histoire et la mémoire du département, dans leurs actes d’engagement comme dans leur vie ouvrière.

Les lycéennes et lycéens ont pris la parole pour restituer leur travail autour de Manouchian, fruit de méticuleuses recherches historiques ; puis, l’exposition a été présentée par M. Thomas Fontaine, commissaire de l’exposition, historien, directeur des projets du MRN.

Les établissements qui le souhaitent peuvent emprunter l’exposition auprès du Musée de la résistance nationale, en la réservant via le Pass culture.

À travers le parcours citoyen de l’élève, de l’école au lycée en passant par le collège, toutes filières confondues, les élèves sont invités à s’approprier pleinement ces notions d’engagement, de liberté, d’égalité, de fraternité.
Ces figures qui ont fait l’Histoire sont l’occasion de mettre en exergue les valeurs fondamentales de la République française et, à travers ces valeurs, de permettre aux élèves de s’émanciper et se construire en tant que citoyens.

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© DSDEN93 - article actualisé le 1er mai 2024