DSDEN 93 - L’éducation en Seine-Saint-Denis

Développé à l’origine dans quelques cantons suisses et dans le département du Val-d’Oise, Un violon dans mon école, un dispositif proposé par la fondation Vareille, a été mis en œuvre à partir de la rentrée scolaire 2019 à l’école primaire du Colonel Fabien de Dugny. L’école fait aujourd’hui figure de pionnière dans le département de la Seine-Saint-Denis et dans l’académie de Créteil.

Le mardi 17 janvier 2023, les représentants de la fondation, M. et Mme Vareille, l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’éducation nationale, M. Chaleix, des inspecteurs de circonscription et des élus de la ville se sont rencontrés afin de faire un premier bilan du dispositif mis en place au sein de l’école depuis 4 ans.

Un dispositif ambitieux au cœur des apprentissages

Le programme Un violon dans mon école a été construit avec le ministère de l’Éducation nationale afin qu’il s’inscrive au coeur du système éducatif. Il est destiné à favoriser la réussite des élèves relevant des quartiers prioritaires.
Reposant sur de multiples études scientifiques qui soulignent les effets bénéfiques de la pratique musicale sur le développement des jeunes enfants, il consiste à proposer aux élèves, de la grande section au CE1, l’apprentissage d’un instrument particulièrement exigeant : le violon.
Chaque enfant dispose de son propre instrument dont l’acquisition et l’entretien sont pris en charge par la fondation.
Leurs effets sur les capacités motrices, sensorielles, cognitives et sociales des élèves font l’objet d’une étude d’impact indépendante confiée à un collectif de chercheurs du CNRS.

L’enseignement en petits groupes - trois interventions hebdomadaires d’une durée comprise entre 30 et 45 minutes - est dispensé pendant les heures de classe par des professionnels. Les cours de violon sont obligatoires pour tous les enfants au même titre que ceux de lecture ou d’écriture.

Le programme vise à contribuer à l’amélioration des résultats scolaires et à réduire les inégalités. Il a aussi pour ambition de mieux intégrer les familles à l’école autour d’un projet valorisant pour leurs enfants.
Le choix du violon n’est pas anodin car la pratique de cet instrument particulier montre aux familles concernées qu’elles peuvent avoir de l’ambition et que leurs enfants peuvent accéder à des enseignements qui semblent à priori élitistes.

En avant la musique !

Les élèves de la classe de CE1 pratiquent le violon depuis maintenant quatre ans et c’est donc leur dernière année d’apprentissage de l’instrument dans le cadre scolaire.

Durant la représentation, les élèves, comme des professionnel, très concentrés et guidés par leur professeur de violon, M. Pottiez, ont préparé leurs instruments, se sont échauffés pour ensuite faire montre de leur talent et saluer leur public sous des applaudissements nourris.

Ils ont proposé des morceaux plus classiques :

Mais aussi des morceaux plus dynamiques :

M. Pottiez est entré dans l’action il y a deux ans, et il ne regrette rien, loin de là.
Il sait combien cet apprentissage est encore plus compliqué et difficile qu’il ne le parait mais il prend le temps : le temps d’expliquer, le temps de développer le sens de l’audition, le temps de faire comprendre l’importance du jeu d’ensemble et surtout... le temps d’apprendre à connaître ses élèves et de tisser un vrai lien avec eux pour que le travail se fasse dans une ambiance positive et donc constructive.

Pour le professeur, un exercice aussi complexe ne peut être réussi et profitable que si la musique exprime le plaisir des musiciens et montre la joie qu’ils ont à jouer.
Lui aussi a beaucoup appris car il lui a fallu s’adapter, particulièrement avec les plus petits, et tous ces échanges ont nourri son propre jeu, l’ont même modifié reconnait-il.

Lorsque le professeur parle de ces cours un peu particuliers, ses yeux brillent, son ton s’enflamme et ses propos transmettent tout le plaisir qu’il éprouve à partager ses connaissances avec ses élèves, à leur révéler tout en douceur et avec bienveillance l’âme du violon.

Tous pour le violon

À l’école du colonel Fabien, ce sont toutes les classes, de la moyenne section au CE1, qui sont inscrites sur la partition musicale ; le violon fait partie de l’école.
Les retours des enseignants sont enthousiastes et ils constatent au quotidien l’apport positif de cette activité musicale sur les apprentissages fondamentaux.

En maternelle, l’éveil au violon commence déjà par l’ouverture de la boite, ce qui n’est pas une tâche évidente pour des enfants de 4 ans dont les gestes sont encore maladroits. Les enseignants constatent des progrès sur la moticité fine, sur la posture, sur la concentration, une évolution particulièrement visible en grande section. "Les élèves apprennent à s’écouter et à être ensemble car il faut attendre les autres et se coordonner" et cette activité se glisse dans leur quotidien quand la main de l’écriture devient la main du violon.

En CP, l’année de la lecture, les écoliers ont déjà 2 ans de pratique et le bénéfice constaté par l’enseignante directement après le cours de violon est qu’ils sont plus calmes, plus posés, plus concentrés et donc plus productifs car les consignes sont rapidement comprises. La mise en place de la lecture s’en trouve facilitée et ainsi accélérée.

L’enseignante de CE1 constate les mêmes effets positifs et elle note également le bénéfice sur l’écriture des élèves car ils font plus attention à leur posture et sont plus conscients de la précision du geste après avoir travaillé la position de la main sur l’archet.
Les élèves sont plus disponibles pour les apprentissages, ils sont prêts à apprendre.

Les parents voient aussi l’évolution dans le comportement de leurs enfants, ils les disent pour certains "transformés", beaucoup plus calmes et disciplinés, plus patients à la maison et fiers de jouer d’un tel instrument. "Il a même fait une vidéo pour envoyer à sa mamie pour qu’elle le voit et l’entende jouer"."Pour nous, c’est une belle occasion. Les enfants ne connaissaient pas le violon. Dans les quartiers, on ne connait pas". "Je n’avais jamais vu de violon d’aussi près !".

Et ce sont bien sûr les élèves qui montrent le mieux l’attachement qu’ils ont développé pour l’activité quand, au moment de rendre l’instrument (l’aventure musicale scolaire s’achevant en CE1), certains ne peuvent s’empêcher de verser quelques larmes : "Je ne veux pas le rendre, je m’en suis occupé pendant 4 ans !"

Pour tous, il s’agit donc d’une belle expérience et d’autres écoles de la ville et du département pourront peut-être bénéficier à leur tour de ce programme dans le courant des années à venir.

À la rentrée 2022, ce dispositif bénéficiait à 6 200 enfants dans 80 écoles REP (Réseau d’Éducation prioritaire) d’Île-de-France, de Creil, du Havre et de Toulouse.
Pour 2025, l’ambition est de toucher 10 000 élèves et le fonds d’innovation pédagogique de "Notre école faisons la ensemble" peut être un soutien du projet pour les écoles concernées.

► Plus d’informations sur le site de la fondation Vareille

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