Commémoration en hommage aux enfants déportés à l’ancienne gare de déportation de Bobigny

De l’été 1943 à l’été 1944, la gare de Bobigny fut le lieu principal de la déportation des Juifs de France organisée par l’Allemagne nazie avec le soutien du gouvernement de Vichy.
Le 22 mars 2024, en hommage aux 3285 enfants déportés, les classes des écoles de Bobigny leur ont rendu hommage.

En 13 mois, de l’été 1943 à l’été 1944, 21 convois sont partis de la gare de Bobigny et 22 500 hommes, femmes et enfants internés au camp de Drancy sont déportés vers les camps nazis, principalement le centre de mise à mort d’Auschwitz. Dans le cadre d’un partenariat entre le Mémorial de l’ancienne gare de déportation, l’ONaC-VG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre), la municipalité et la circonscription du premier degré de Bobigny, ce sont 350 élèves des écoles de la ville, mais aussi les élèves élus au sein du Conseil municipal des enfants qui ont été les acteurs de premier plan de cet hommage.

Bobigny, une gare entre Drancy et Auschwitz

Car ce sont bien les élèves des écoles Romain Rolland et Marie Curie qui ont imaginé le déroulement de la cérémonie, guidés par leurs enseignants et les différents partenaires du projet. Cet hommage a connecté les époques par le lien commun de la jeunesse : les victimes d’hier des politiques antisémites de l’Allemagne nazie et de la France de Vichy et les enfants balbyniens d’aujourd’hui qui s’investissent pour leur mémoire. Seize classes des écoles participant au projet avaient, outre la visite du lieu et un travail en classe, lu le nom des enfants déportés qui résonnèrent pendant la cérémonie.

À la tribune, les élèves de CE2, CM1 et CM2 se sont succédés pour des lectures (parcours des enfants déportés Georges-André Kohn, Georges Halpern et Michelle Varadi), une représentation théâtrale (Le Petit chaperon Uf de Jean-Claude Grumberg) et des chants (Nuit et Brouillard, le chant des Marais) en plus d’un slam écrit, composé et chanté par les élèves de l’école Marie Curie.

Comment construire et adapter une cérémonie mémorielle pour des enfants de dix ans ?

Pour répondre à cet objectif complexe, les élèves ont suivi un parcours d’apprenti historien et été mis au défi de concevoir la commémoration. Il s’agissait d’abord de définir avec eux le sens du mot « commémorer » : conserver la mémoire d’un évènement, mais aussi lui donner du sens pour être capable d’en comprendre les enjeux. Le déroulement d’une cérémonie obéit habituellement à un protocole bien ordonné : ces jeunes citoyens ont su marier les codes traditionnels avec leur propre conception de l’hommage. « Comme ils ne voulaient pas couper des fleurs, ils ont choisi de déposer des cœurs, avec inscrits les noms des enfants déportés  » nous explique Adèle Purlich, directrice du Mémorial de l’ancienne gare de déportation et qui a accompagné les classes dans ce projet.

Couronne réalisée par les élèves de l’école Marie Curie.

Une cérémonie mémorielle, partagée et chargée d’émotions

En présence des familles, des élus et des autorités de la ville, de la direction académique et de représentants de l’État, mais aussi des associations mémorielles (AFMA, AFMD), cette cérémonie a été un succès autant qu’un moment chargé d’émotions. Ce temps s’est conclu par une minute de silence en hommage aux enfants déportés, puis par La Marseillaise entonnée par l’ensemble des adultes et des enfants. Lors de leur passage devant les plaques commémoratives de l’ancienne gare qui les menaient vers la sortie, les élèves ont ensuite déposé dans des corbeilles le cœur jaune, marqué par des noms d’enfants juifs déportés, qui leur avait été donné en début de cérémonie.

Cœurs réalisés par les élèves de l’école Romain Rolland et comportant des noms d’enfants déportés ou des messages : « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons ».

Ce travail indispensable pour faire Nation est l’une des priorités de l’école. Cette démarche, qui s’inscrit dans la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, a permis de donner du sens au parcours citoyen, afin que les élèves appréhendent au mieux le sens des commémorations et s’approprient les valeurs de la République.

RGPD et droit à l’image
Pour exercer votre droit d’accès, de modification et de suppression de vos données personnelles (photographies), vous pouvez écrire à ce.93webmestre@ac-creteil.fr ou téléphoner au 01 43 93 73 72.

Extrait du Petit chaperon Uf de Jean-Claude Grumberg interprété par des élèves

© DSDEN93 - article actualisé le 30 avril 2024