DSDEN 93 - L’éducation en Seine-Saint-Denis

Le mois d’octobre 2021 fut riche en émotions positives pour Alicia, Djénab, Elise, Sylvia, Gustave, Ruben, Tom et Tyko, anciens élèves de 3e du collège Solveig Anspach de Montreuil et aujourd’hui lycéennes et lycéens. Leur œuvre cinématographique Dans les coulisses du 11 novembre 1940 obtient la Mention spéciale du jury national du Concours national de la Résistance et de la Déportation pour la "créativité dont ils ont fait preuve" dans la catégorie Travaux collectifs collège ; ensuite, le 17 octobre 2021, à Dubrovnik, c’est le prix du documentaire moins de 15 ans au DUFF (The Dubrovnik Film Festival), un festival cinématographique international pour les enfants et les jeunes des pays méditerranéens, qui vient couronner cette très belle oeuvre réalisée en stop-motion.

Un stop-motion… les enseignantes, Mmes Pesier, Gazet et Bussier, savaient à peine de quoi il retournait. C’est donc sur la proposition et l’impulsion des élèves qu’il a été décidé d’aborder par cette technique d’animation particulière le thème imposé par le CNRD en 2020-2021 : 1940, Entrer en Résistance. Comprendre, Refuser, Résister, le tout encadré par un travail de recherche extrêmement documenté et précis alimenté par Mme Servat, référente culture. Une méthode de réalisation originale et moderne pour le plus ancien concours mémoriel de l’Éducation Nationale (il date de 1961) et sans doute le plus prestigieux (30 000 élèves participants toutes catégories confondues).

Le choix du sujet

En ce qui concerne le traitement du sujet, les élèves ont choisi de se focaliser sur l’entrée en résistance de jeunes lycéens et lycéennes, étudiants et étudiantes parisiens qui, le 11 novembre 1940, bravent l’interdiction faite par l’occupant nazi et le régime de l’État français de commémorer l’Armistice de la Grande Guerre en rendant hommage au soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Ces jeunes entrent aussi en résistance suite à l’arrestation, fin octobre, de leur professeur, Paul Langevin, membre du Comité de Vigilance des intellectuels antifascistes.
Le travail des élèves se base sur l’épisode de la manifestation remis dans son contexte (son origine, sa préparation, son déroulement, sa répression) et non sur l’évènement lui-même, afin de mieux appréhender l’histoire par le prisme du sujet donné : comprendre, refuser, résister.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les élèves ont choisi ce titre : Dans les coulisses de la manifestation du 11 novembre 1940.
« Dans les coulisses car nous donnons surtout à voir les événements, les actions et les éléments de compréhension qui conduisent à la manifestation et non l’action de manifester en elle-même.
Dans les coulisses car, comme l’action résistante, elles sont dans l’ombre.
Dans les coulisses, enfin, car elles sont nécessaires à toute production artistique et ainsi permettent, modestement, de renvoyer à notre réalisation. »

Stop-motion, vous avez dit stop-motion ?

Le stop motion est une technique de tournage ou production de films qui consiste à obtenir une animation à partir d’objets immobiles (personnages en pâte à modeler, figurine articulée, dessins etc.). Une séquence animée de quelques secondes est réalisée à partir de centaines de prises d’images fixes.
Pour convaincre leurs enseignantes d’utiliser cette technique, les élèves ont pris l’initiative de leur montrer à quoi cela ressemblerait en leur présentant un prototype qui a effectivement convaincu et enthousiasmé tout le monde. La technique était idéale pour intégrer de manière fluide et cohérente les différents types de documents et d’informations : des dessins d’illustration, bien sûr, qui s’organisaient avec les documents d’archives, les photos, les insertions de texte… « Tous ces procédés qui font correspondre le passé historique et nos reconstitutions et réalisations au présent nous amènent au plus près des événements et des personnages. D’une certaine façon, ça a établi un lien fort entre l’histoire des étudiants et lycéens du 11 novembre 1940 et nous. »

Un travail considérable

Rédaction du scénario, réalisation des dessins, conception des scènes, prises et choix des photographies, interprétations des dialogues et des chants… le tout encadré par un travail de recherche extrêmement documenté et précis et une réflexion avisée et posée : c’est un travail immense et magistral qu’ont fourni les élèves, coordonnés par leurs enseignantes.
Le court métrage comporte également une partie "making-off" dans laquelle les élèves adoptent une posture réflexive en expliquant leur démarche, leurs choix et la technique utilisée. Un document de présentation détaille également cette aventure cinématographique.
► Le document de présentation

Le magnifique travail des élèves doit beaucoup à leur engagement et leur persévérance. Les dizaines de dessins, les 1370 photos, les heures de montage et d’enregistrement des voix, tout ceci a été réalisé sur le temps libre des élèves qui s’étaient portés volontaires. Enthousiastes, ils ont même poursuivi au-delà de l’année scolaire en soumettant au mois de juillet leur stop-motion au DUFF ; à cet effet, ils ont dû, en autonomie, proposer le sous-titrage en anglais des dialogues.

Un grand bravo donc à Alicia, Djénab, Elise, Sylvia, Gustave, Ruben, Tom et Tyko pour leur engagement, leur créativité, leur ténacité qui portent au national comme à l’international les compétences et valeurs des jeunes de la Seine-Saint-Denis.

Et l’aventure continue : The Cactus International Children’s and Youth Film Festival vient de solliciter la candidature de Dans les coulisses du 11 novembre 1940 pour la compétition qui se déroulera en Italie à Aoste au mois de mai 2022.
Que par cet épisode transalpin, ces jeunes lycéennes et lycéens, puissent de nouveau être des acteurs éclairés et animés de la Mémoire de la Résistance !

Quelques mots des jeunes réalisateurs sur leur production

« Les sifflements du Chant des Partisans dans le générique d’introduction représentent cette première résistance de l’ombre qui gronde sous le choc de l’occupation et de l’annonce de la collaboration du gouvernement de Vichy.
Sur le générique de fin, nous chantons tous en chœur, haut et fort, pour célébrer ce premier acte de refus et de désobéissance publique et collective.
Nos personnages sont des gaullistes et des communistes qui ont porté, parfois de façon concurrente, la mémoire de cette manifestation dont l’origine est un acte patriotique et spontané de la jeunesse parisienne.
Refuser, c’est effectuer un acte de désobéissance.
Résister, c’est s’engager et donner du sens à son action en l’inscrivant dans un temps long.
Entrer en résistance, c’est avoir conscience de lutter dans l’ombre et inscrire son combat dans une action plus large en participant à des structures clandestines.
Tous les manifestants du 11 novembre 1940 n’entreront pas en résistance mais ce pas sera franchi par plusieurs. »

► Le stop-motion

► Le site du collège Solveig Anspach

► Informations sur le CNRD

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