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Témoignages d’actions et de pratiques de classe

Le CNRD : au-delà du concours scolaire

Fabien Pontagnier est professeur d’histoire-géographie au collège Joliot-Curie de Stains mais également professeur-relais aux Archives nationales.
Il livre son témoignage sur ce qui est devenu pour lui beaucoup plus qu’un concours scolaire, une véritable démarche de projet qui transcende les disciplines, bouscule les savoirs et transforme les pratiques : le Concours national de la Résistance et de la Déportation. La classe de 3e qu’il accompagnait en 2017 avait obtenu le prix spécial "Passeurs d’Histoire".

Un objet scolaire bien identifié

Le CNRD est bien plus qu’un concours scolaire. C’est une aventure collective. Tous les enseignants qui y ont pris part, qui y ont engagé des élèves, ont été dépassés et transformés par cet objet scolaire si bien identifié créé en 1961. Il bénéficie aujourd’hui d’une aura considérable. Il est exigeant, demande un investissement conséquent de la part des équipes et des enfants. Mais il est formateur, générateur de citoyenneté et participe au brassage des cultures, aux rencontres sociales, mémorielles et historiques. C’est un concours qui fait et donne sens aux enseignements. Il appuie nos séances, matérialise les apprentissages. Il peut constituer un projet global de classe, pluridisciplinaire et favoriser le travail en équipes. Il est également un outil pour approfondir des notions, consolider des savoirs et acquérir des compétences.

Le CNRD est aussi une démarche sociale. Il favorise les liens intergénérationnels, il peut être au cœur d’une démarche de projet inter-cycles, inter-établissements, inter-académies… bref, c’est un outil de rencontres avec des professionnels de la médiation culturelle, des historiens, amateurs ou professionnels, des archivistes, des conservateurs du patrimoine, des enseignants, des témoins bien sûr et leurs familles. Depuis toutes ces années qu’il aborde les questions relatives aux déportations et aux différentes formes de résistances, l’ensemble des contenus produits constituent une base de données formidable qui nous informe sur les mutations de notre système éducatif et de nos pratiques. Tous ces travaux déposés sont autant d’archives sur ces sujets. Ils contribuent aussi à la mémoire du concours et sont étroitement associés aux évolutions historiographiques. Universitaires, jeunes chercheurs, historiens et apprentis sont aussi réunis par ce concours.

Un engagement qui bouscule les savoirs

Mon affection pour le CNRD est aussi renforcée par sa difficulté. C’est un concours exigeant qui nécessite de remettre constamment l’ouvrage sur le métier ! Certes, les sujets sont complexes et peuvent au premier abord dissuader un collègue d’y engager ses élèves. Il demande un engagement sur le temps long et multiple dans le sens où l’investissement pédagogique ne peut seul suffire à mener à bien une telle démarche qui implique de fait des considérations organisationelles d’importance.
La complexité des thèmes proposés chaque année dans le cadre du concours pourrait être interprétée comme le signe d’une confiance et même d’un respect des membres du jury envers le monde enseignant. « La négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi » en 2017, « Répressions et déportations en France et en Europe. 1939-1945. Espaces et histoire » en 2019… autant de thèmes qui font aujourd’hui partie de notre vie professionnelle et qui évoquent des visages, des instants partagés, des séances, des objets. Ces sujets nous bousculent dans nos savoirs, nous obligent à une indispensable actualisation de nos connaissances historiographiques et historiques et ils nous poussent vers les autres. Bref, ils font société.

Une démarche de projet "intradisciplinaire" qui fait sens pour les élèves

J’enseigne en réseau d’éducation prioritaire renforcé depuis 10 ans et il m’a toujours semblé indispensable, pour donner sens à des sujets complexes, d’y associer d’autres disciplines. Les besoins de mes élèves en termes de contenu, d’aide, d’accompagnement font qu’il est nécessaire de les inscrire dans une démarche de projet plus complète. Ces actions sont aussi de formidables outils au service des pédagogies. Elles facilitent les expériences en termes de pratiques, l’application de nouvelles pensées éducatives comme la conception universelle de l’apprentissage. C’est un espace de liberté pour l’enseignant, intellectuel et professionnel.

L’interdisciplinarité est au cœur de ces projets menés dans le cadre du CNRD. Elle rend les enseignements plus complémentaires, favorise les accointances, les proximités intellectuelles et pédagogiques avec des collègues jusqu’à conduire à une forme de rapprochement ultime entre les disciplines, ce que j’ai nommé l’intradisciplinarité. Apprendre Le Chant des marais et étudier le contexte de l’écriture de cette œuvre et sa portée symbolique, puis le faire chanter à nos élèves dans les latrines du petit camp de Buchenwald, là où des années plus tôt le jeune Bertrand Herz, comme il nous l’a raconté, l’apprenait lui-même au même âge. Tout ceci donne non seulement sens aux enseignements mais nous transforme définitivement. Tous acteurs de cette démarche, nous évoluions avec elle au gré des ateliers, des échanges et nous apprenions ensemble.


Quelques élèves de 3e du collège Joliot Curie de Stains interprétant Le Chant des marais dans les latrines du petit camp
au Mémorial de Buchenwald en 2017. Capture d’écran d’une vidéo réalisée dans le cadre du CNRD 2017.

Géographie historique ou histoire géographique

Enfin, le CNRD est un projet de territoires et de temps ; un outil de géographie historique ou d’histoire géographique. L’espace est une entrée pertinente pour mieux connaître les territoires de proximité des élèves. Partir de l’histoire et des mémoires locales, suivre les parcours d’anciens habitants de la ville favorise l’adhésion des enfants au projet. Le travail sur l’archive participe aussi de cette démarche. Il place l’élève comme acteur de ses apprentissages et efface la distance temps entre l’individu mentionné dans l’archive et l’enfant lecteur. Cette proximité géographique, le même espace vécu en des temps distants, et historique, être au plus près des évènements par le document source tout en développant l’apprentissage de l’analyse critique de l’historien, est extrêmement stimulante pour les élèves. Le CNRD se révèle sous cet angle un travail d’enquête, où la pédagogie par l’expérimentation participe à la réussite éducative de tous les élèves.


Élèves de 3e du collège Joliot Curie de Stains échangeant avec l’historien Gérard Larue lors d’une séance aux Archives nationales en 2022.
Projet CNRD 2022 : réalisation d’un documentaire intitulé Pour que tu aies une vie meilleure
retraçant les parcours de deux résistants de Stains, Renée Rihet et Eugène Cas.

Le CNRD : des souvenirs qui bouleversent un chemin de vie

Le texte de Fatoumata Dibassi que je suis heureux de partager revient justement sur plusieurs points abordés ci-dessus. Embarquée dans l’aventure du CNRD en 2017, dans un projet dont elle ne comprenait pas l’ensemble mais percevait les premières pierres, son appétence pour l’Histoire s’est révélée au gré des sorties scolaires, des rencontres avec des témoins ou du séjour au Mémorial de Buchenwald et au Struthof. Car c’est aussi cela le CNRD, une boîte à souvenirs et un instrument puissant façonnant votre avenir. Fatoumata est aujourd’hui en 3e année de Licence… d’histoire !


« Une année mémorable » par Fatoumata Dibassi, lauréate du prix national du CNRD en 2017, collège Joliot Curie de Stains

J’ai pu participer à l’édition 2016-2017 du Concours national de la Résistance et de la Déportation, bouleversant au passage le restant de mes études et plus largement ma vie. Ce fut lors d’une journée ordinaire, d’un cours ordinaire, que notre professeur d’histoire, Fabien Pontagnier, nous proposa de participer collectivement à ce projet : se présenter au concours avec un travail collectif. La jeune Fatoumata, 14 ans, curieuse et sémillante, n’aurait jamais pu envisager en acceptant cette proposition l’impact que ce projet aurait sur sa vie.

Nous avons alors directement été projetés dans cette ébauche de projet que nous contribuions à construire avec nos professeurs. J’ai toujours, profondément gravé dans ma mémoire, ce souvenir d’une première sortie au coeur de notre ville, à nous balader à travers les différentes rues portant le nom d’anciens déportés issus de Stains et surtout ce profond sentiment d’incompréhension face à la réalité de ce qui devait être ce grand projet entre musique et histoire : Où était le voyage en Allemagne ? Où étaient les rencontres avec les survivants ? La proximité entre ce concours et l’histoire lourde de cette ville que je côtoyais tant me perturbait et posait beaucoup plus de questions qu’elle n’apportait de réponses.


Des élèves du collège Joliot Curie de Stains (Fatoumata Dibassi, au centre, 4e en partant de gauche)
lors de la rencontre avec Bertrand Herz en 2017 à Montreuil au siège de l’Association Buchenwald Dora et Kommandos.

Je me perdais rapidement, dans les semaines qui suivirent, dans la portée réelle du concours. Débutait alors une succession de visites aux Archives communales, nationales et de la préfecture de police de Paris, des rencontres en tout genre sur un rythme effréné qui m’égarait parfois dans le déroulé du projet.
Néanmoins je me délectais de ces quantités d’informations que j’accumulais en visitant Compiègne ou le Mont Valérien. Le projet, bien que je peinais à saisir la finalité propre du concours, représentait à mes yeux une montagne d’informations, de découvertes, de culture, mais une montagne que j’appréciais particulièrement gravir, développant au passage mes méthodes de recherches et mon esprit critique.

Ce n’est qu’en février, bien des mois après la genèse du projet, que je saisissais finalement l’importance du travail accompli. Face à deux rescapés des camps, survivants de l’horreur, que nous avions pu réunir et interviewer dans le cadre du projet, tout a alors fait sens pour moi. Ces visites de musées et d’archives, le documentaire en parallèle et ce concours dans son entièreté étaient beaucoup plus conséquents que tout ce que j’aurais pu imaginer. Nous marquions, pour beaucoup des adultes travaillant avec nous, une forme de continuité, une transmission du savoir et de la mémoire, une transmission que nous commencions tous, dans notre groupe de collégiens, à saisir et qui nous motivait chaque jour davantage.

Le projet enfin achevé dans sa forme brute, le concours a laissé place aux répétitions, aux heures passées dans l’auditorium des Archives nationales à chanter et à ce sentiment profond de satisfaction : trouver du sens dans ce que je faisais. Ce saut dans l’inconnu du début de l’année s’était mué en une prise de confiance monumentale.

Et me voilà, j’ai désormais 20 ans et je contemple toujours ce prix "Passeurs d’Histoire" qui m’a mené là où je suis aujourd’hui : en troisième année de licence d’histoire à la Sorbonne. Ce prix qui m’a permis de rencontrer des gens, d’apprendre à faire de la recherche, de découvrir cette flamme pour l’histoire qui me guide au quotidien dans mon parcours universitaire. Les concerts, les encadrants, les visites ont pleinement contribué à rendre cette année de troisième au collège mémorable.

 

Un autre témoignage sur le CNRD : l’aventure des élèves de Livry-Gargan
Stéphane Leuteuré, enseignant d’histoire-géographie au lycée André Boulloche de Livry-Gargan, avait lancé à sa classe de seconde le défi de participer au CNRD en réalisant un documentaire vidéo. Privilégiant l’interdisciplinarité, il explique comment sa classe s’est peu à peu projetée dans l’envie de remporter le concours en revenant sur les étapes et la méthode de travail qu’il a mises en place avec ses collègues et, surtout, la satisfaction et la fierté qu’élèves et enseignants ont su tirer de ce projet collectif.
Lien vers le site du Réseau Canopé
 

RGPD et droit à l’image
Les parents d’élèves disposent d’un droit d’accès, de modification et de suppression des données personnelles (photographies) de leur enfant.
Pour exercer ce droit, vous pouvez écrire à ce.93webmestre@ac-creteil.fr ou téléphoner au 01 43 93 73 72.

© DSDEN93 - article actualisé le 14 mars 2023

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