27 janvier : les écoles de Drancy n’oublient pas le passé

Depuis 2003, la journée du 27 janvier est l’occasion d’engager une réflexion sur les génocides et la prévention des crimes contre l’humanité et de rappeler les valeurs humanistes qui fondent notre démocratie. Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale invite la communauté éducative à engager une réflexion avec les élèves sur la Shoah et les génocides reconnus, en lien avec les programmes scolaires.

Le 27 janvier 2022, Nathalie Elimas, secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire, s’est rendue au mémorial de la Shoah. Elle était accompagnée de Patrick Lapouze, sous-préfet du Raincy, Nathalie Kuehn, directrice académique adjointe des services départementaux de l’éducation nationale, Aude Lagarde, maire de Drancy et Haim Ammar, rabbin de Drancy.
Ils ont été reçus par M. Olivier Lalieu, responsable des lieux de mémoire du Mémorial de la Shoah.

La secrétaire d’Etat a déposé une gerbe devant le monument commémoratif des martyrs juifs de l’artiste franco-israélien Shelomo Selinger, survivant de l’horreur des camps de concentration nazis.

Des élèves de CM2 de la classe de Mme Noguera et M. Creton, de l’école Picasso de Drancy, justement présents ce jour-là pour visiter le mémorial, ont été invités à participer à ce moment de recueillement.

Une cité préservée, témoignage d’un passé qui ne peut être oublié

Les élèves de CM2 ont beaucoup appris au cours de cette journée particulière. Pourtant, le Mémorial de la Shoah les élèves le connaissent bien, ils le voient presque tous les jours puisque leur école se trouve située juste en face du grand bâtiment gris clair. Mais ce jeudi-là, les élèves ont pu changer de perspective et entrer dans l’Histoire.
Ils y ont appris l’histoire de leur environnement proche, celle de la Cité de la Muette, 1^er exemple d’habitation collective à loyer modéré construit en 1932, une cité qui fut réquisitionnée par les nazis et transformée en camp pour les prisonniers de guerre puis pour ceux qui étaient déportés vers les camps de concentration. Les élèves ont d’abord découvert la maquette du camp et ainsi pu comprendre pourquoi cet emplacement particulier avait été choisi : la cité est construite en U, il n’y avait donc qu’une sortie à surveiller et la gendarmerie était située juste à côté, c’était pratique…

Des visites et des ateliers adaptés à l’âge des élèves

Les visites et les ateliers organisés par l’équipe pédagogique du Mémorial de la Shoah sont toujours adaptés à l’âge des élèves, les histoires de vie leur sont racontées par ceux qui ont survécu ; l’équipe des médiateurs du Mémorial qui accompagne les classes dans leur apprentissage veille toujours scrupuleusement à ne pas choquer son jeune public.

Les élèves ont ainsi fait connaissance avec Camille Mathieu en visionnant son témoignage : Camille était un des gendarmes qui surveillait le camp, mais surtout une personne qui a tout fait pour aider les internés dans leur quotidien. Camille est décédé en 2017, mais la mémoire du gendarme « rebelle pour la bonne cause » perdure et depuis 2021 la gendarmerie porte son nom.
Ainsi, grâce à une approche concrète des faits, les élèves ont appris qui étaient les « Justes parmi les nations » (Camille Matthieu fut nommé Juste en 1976) et que les amis des juifs, des non juifs qui avaient affiché l’étoile jaune par solidarité, avaient été arrêtés, internés et forcés d’arborer un large bandeau sur lequel était écrit « Ami des juifs ».
Ils ont ensuite parcouru la Cité, avec un arrêt devant la plaque commémorative indiquant le tunnel creusé par des internés et qui fut découvert alors qu’ils n’étaient plus qu’à trois mètres de la liberté. Les élèves les plus hardis auraient même voulu pénétrer dans ce tunnel de l’espoir.
La visite a captivé l’attention de tous les élèves et même ceux qui, d’habitude, se font les plus discrets ont participé aux échanges et fait part de leur intérêt ; un moment de partage et d’apprentissage qui aura sans nul doute marqué ces jeunes esprits en formation.

La visite à travers les mots des élèves

- « C’était injuste ce qui c’était passé alors que tout le monde est égal. On est emprisonné juste par rapport à notre religion et ce n’est pas juste. J’ai appris à quoi avaient servi ces bâtiments. » Anas

- « J’ai aimé parce qu’on a appris plus de choses sur le passé et sur nos ancêtres. Je connaissais déjà un peu l’histoire de la Cité parce que maman est juive et elle m’en a parlé. » Adam

- « J’ai bien aimé l’histoire de Camille Mathieu car c’était une bonne personne et qu’il a fait de bonnes actions pour les familles juives. » Defné

- « Il y avait des juifs pendant la seconde guerre mondiale qui ont été déportés dans le grand bâtiment en forme de U qui était une prison. Certains ont creusé un tunnel mais ont été arrêtés à trois mètres avant la sortie. Cette histoire m’a choqué. » Souhayl

- « Ce n’est pas juste d’avoir mis ces personnes en prison alors qu’elles n’ont rien fait. J’ai été touché par l’histoire du gendarme qui a aidé des femmes qui voulaient voir leurs maris. » Chaïna

- « J’ai bien aimé tout ce que l’on a appris. Les six millions de juifs morts ; le fait qu’Hitler n’aimait pas les juifs ; Camille Mathieu qui a aidé des familles ; à quoi ont servi les bâtiments en U… Nous avons de la chance par rapport à toutes ces personnes qui ont vécu ça. » Nahil

Faire en sorte que chaque élève connaisse l’histoire de la Shoah avant d’entrer au collège

La visite du Mémorial et de la cité de la Muette s’inscrit dans la continuité du travail de sensibilisation des élèves aux questions relatives à l’intolérance, à la différence et à la laïcité. Depuis plusieurs années, les classes de CM2 de l’école Pablo Picasso réalisent des ateliers au Mémorial de la Shoah dans le cadre de leur programme d’histoire sur la seconde guerre mondiale. Cette année, en étroite collaboration avec le Mémorial, ces ateliers vont être proposés à toutes les classes de CM2 de la circonscription de Drancy afin de faire en sorte que chaque élève ait connaissance de l’histoire de la Shoah pour son entrée en 6^e.

Le Mémorial est un partenaire précieux de l’Éducation nationale, qui s’investit pleinement dans sa mission de mémoire en proposant des ateliers spécifiques et des fonds de ressources très riches.
Ainsi, le 1^er février, les inspecteurs de l’éducation nationale des écoles de la Seine-Saint Denis ont pu visiter le Mémorial et découvrir l’offre pédagogique pour les scolaires.
A Drancy, pour compléter le plan d’action à destination des élèves de CM2, les directrices et directeurs d’école découvriront toutes les ressources mises à disposition par le Mémorial le 10 février 2022 et les enseignants des classes de CM2 bénéficieront de formations les 9 février et 16 mars 2022 afin de pouvoir s’approprier au préalable les ressources qui seront utilisées lors des ateliers avec les élèves. Ces ateliers seront préparés en amont dans les classes et le travail se poursuivra également en aval afin que les élèves exploitent au mieux ces connaissances fondamentales pour la construction de leur parcours citoyen.

Autre reportage en ligne sur la journée du 27 janvier 2022 :
► La Journée de mémoire des génocides au collège Gérard Philipe d’Aulnay-sous-Bois

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© DSDEN93 - article actualisé le 7 février 2022